Ailleurs

                                                                                    AILLEURS

Monologue. (3 à 4 mn)
 
Une femme face public allongée sur le sol et le dos appuyé contre un canapé , le corps immobile. Les cheveux défaits. Les vêtements en désordre. Un œil au beurre noir. Elle peut bouger les bras et se toucher le visage.
 
Je me sens calme maintenant. Ca va beaucoup mieux… J’arrive à respirer. Les coups de butoir dans ma tête. Ils s’espacent. Oui. Ils s’éloignent. Il y a juste mon œil gauche. Elle se touche l’œil. Là, c’est plus difficile. Ca se complique. Je vois trouble. Un mélange de couleurs ou dominent le rouge et le noir. Le carrelage. C’est froid dans mon dos. Les images me reviennent en flot. Non. Il ne faut pas. Ca fait mal. Il faut tout oublier. Il n’y a que ça à faire. Devenir amnésique. Mais la prochaine fois, ce sera pire. La prochaine fois, ce sera peut-être la dernière. Depuis combien de temps suis-je allongée là. Sur le carrelage de la cuisine. Je suis seule. Il m’a laissée ainsi. Il est parti en attendant que je reprenne mes esprits. En attendant que je me relève. Comme à chaque fois. Mais je ne veux pas. Pourquoi faire. J’ai envie de mourir. A quoi bon s’accrocher, se battre. Je suis trop faible. Il aimerait que je crie. Ca lui ferait plaisir. Peut-être qu’il taperait moins fort… Ce n’est pas sûr. Mais de toute façon, je ne peux pas. Je n’arrive pas à crier. J’encaisse en silence et ça, je le sais. Il ne supporte pas. Parce que lui, s’il recevait le dixième, il beuglerait. Alors, il perd le contrôle. Il frappe. C’est un trouillard. Et moi. Pourquoi je ne dis rien ? Oui, bien sûr… Personne ne comprend. C’est aussi de ma faute. Il ne faut pas rester. C’est ce qu’on dit. Bien sûr. Il y a des centres pour ça. Ca parait facile…De l’extérieur. C’est toujours ceux qui ne risquent rien, ceux sur qui personne n’a jamais élevé le petit doigt qui savent ce qu’il faut faire. Je les entends. Derrière mon dos, ils murmurent. Si elle reste avec lui, quelque part c’est parce qu’elle aime ça. Elle est maso. C’est vrai, je le reconnais. J’aimais les hommes forts, virils. Je croyais naïvement qu’avec eux, rien ne pouvait m’arriver. La sécurité. La protection. Maintenant, je sais que la force d’un homme c’est sa plus grande faiblesse. Que la violence nait de la peur de l’autre. De l’angoisse d’être découvert, d’être mis à nu. Pourquoi les mères ne nous apprennent-elles pas cela ? Pourquoi se taisent-elles ? Maman ne m’a jamais parlé de mon père. Mes questions restaient sans réponse. Les silences. Les non dit. Parler c’est réouvrir une plaie mal cicatrisée. Si je porte plainte, il me tue. Il me l’a dit..
 
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